De orbis Romanus en de linguïstische identiteit van Europa

Auteurs

  • Marc Van Uytfanghe

DOI:

https://doi.org/10.21825/kzm.v56i0.17587

Samenvatting

L'orbis Romanus a contribué à l'identité linguistique de l'Europe àplusieurs niveaux. D'abord au niveau de l'“infrastructure”, celle du latinparlé devenu, au fil des siècles de la “romanisation”, la langue maternellede la partie occidentale de l'empire. En Orient grec, son influence aété très restreinte, mais ailleurs, la Romania (au sens que les romanistesont donné à ce terme) dépassait le territoire des langues romanes actuelles(abstraction faite évidemment de la “Romania nouvelle” issue dela colonisation moderne). On songera par exemple au latin, puis romanbalkanique.Les Romains ont développé une dichotomie très prononcée entre le“bon” latin (classique) et le “mauvais” latin (vulgaire); le christianismel'a cependant atténuée. De toute façon, ce n'est que longtemps après ladisparition de l'empire d'Occident et après que d'autres familles linguistiques(germanique, slave, …) ont dessiné leurs contours, que le latinparlé s'est scindé, sans discontinuité par ailleurs, en plusieurs langues(ou groupes de parlers) plus ou moins autonomes. De la sorte, la consciencede la latinophonie, puis de la romanophonie a été graduellementsupplantée par des identités langagières plus spécifiques. Bien que leXIXe siècle ait connu la doctrine des “races latines”, la progression victorieusede l'anglais dans la seconde moitié du XXe siècle n'a provoqué,dans les pays “latins”, qu'une réaction molle et vague.Ensuite au niveau de la “superstructure”, celle du latin médiéval réformépar les clercs carolingiens (et plus tard par les humanistes), lalangue savante de la respublica litterarum chrétienne dans Europeévangélisée par l'Église de Rome, y compris donc dans des régions nonromanes. Cette langue “paternelle” et supranationale s'accomodait delangues maternelles d'origine diverse (celtiques, germaniques, romanes- là l'affinité génétique a toujours subsisté -, slaves) et générait, pourl'élite, une identité linguistico-religieuse face à d'autres ensembles culturels(le monde orthodoxe, le monde arabe). Après la Renaissance, leslangues nationales ont progressivement ébréché la position de ce latinsavant.Ce dernier n'a toutefois jamais cessé d'alimenter les langues européennesd'une masse d'emprunts, de calques, de matières littéraires. S'ilest vrai que cet Eurolatein ne construit pas de nouvel orbis Romanus, ilne perpétue pas moins des disiecta membra de l'antique parler du Latium.

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